L'hypnose est une discipline qui a été intégrée à l'histoire de la médecine il y a plus de deux siècles. En 1830, les scientifiques se sont penchés sur son potentiel thérapeutique et elle a été officiellement reconnue par le corps médical dans les années 50 à travers le monde entier. Elle s'est rapidement imposée dans la guérison psychique et psychotiques des patients atteints par toutes sortes de pathologies mentales grâce à des des pratiques novatrices et révolutionnaires pour l'époque. Depuis sa première théorisation et jusqu'à l'idée de l'hypnose telle qu'on la connait aujourd'hui, de nombreux travaux ont été menés et des idées directives ont été étudiées, réétudiées et abandonnées.
Voici une brève histoire de l'hypnose et de son évolution au fil des siècles.
On doit la modernisation de l'hypnose au psychiatre américain Milton Erickson. Il a démocratisé la discipline en la rendant accessible à beaucoup de personnes atteintes de troubles psychiques et psychiatriques. Ses méthodes sont encore appliquées à ce jour par des milliers de psychiatres du monde.
Pour qu'elle soit appliquée, le praticien amène son patient dans un état modifié de sa conscience qui est appelé l'état hypnotique. Il devient alors réceptif à la parole du praticien qui le guide dans un cheminement à travers son inconscient. Il découvre ainsi des facettes et des moments de son existence qu'il avait refoulés ou qu'il avait tout simplement oublié mais qui ont été retenues par le cerveau et par l'inconscient.
Bien avant l'avènement de l'hypnose ericksonnienne, on a découvert lors de l'année 1972 en Egypte les traces d'une séance d'hypnose qui aurait eu lieu il y a plus de 3000 ans lors du règne de Ramsès II. Cette stèle nous raconte que le pharaon se servait de l'hypnose pour motiver ses soldats avant d'aller au combat. Elle était alors utilisée par des prêtres pour soigner et prédire l'avenir, ou encore pour renforcer l'esprit de clairvoyance.
- Dans un premier temps, les praticiens sont partis du principe de la focalisation sur un point précis. Grace à ce procédé, le champ visuel se rétrécit et la concentration du patient peut alors augmenter. Cet état est appelé l'induction. Il se produit progressivement par une dissociation entre la réalité et les pensées habituelles. La concentration va être guidée vers l'intérieur du patient pour que le travaille puisse commencer.
L'état hypnotique résulte donc d'une concentration physique et d'une source psychique qui prédomine , ce qui va amener le patient à se centrer sur une seule et même idée. Les méthodes de focalisation varient d'un praticien à un autre : objets brillants, l'ouïe (guide par la parole), le toucher, le mouvement, etc.
- La transe fait partie de la pratique de l'hypnose : c'est un procédé très spectaculaire qui ne sont pas à confondre avec les transes culturelles propres à des civilisations différentes de la notre.
- En 1778, un médecin allemand nommé Franz-Anton MESMER a introduit la théorie du fluide magnétique animal. Selon sa théorie, chaque être humain dispose d'un fluide propre qui a des vertus thérapeutiques. Pour activer ce fluide, il provoque des crises convulsives chez son patient puis le place dans un baquet.
- Six ans après la théorie du docteur MESMER, deux commissions d'enquêtes ont été établies sur ordre de louis XVI. L'une d'entre elles était par ailleurs présidée par Benjamin FRANKLIN et comptait dans les membres le chimiste LAVOISIER. ces deux commissions ont conclu à l'absence d'un fluide magnétique dans le corps humain et ont rejeter ses effets thérapeutiques.
- Le marquis de PUYSEGUR a découvert dans le même temps le somnambulisme provoqué : grâce à ce procédé, il a pu apporter des explications plus pointues sur l'état hypnotique et les suggestions verbales apportées par le praticien. ces travaux ont pris une importance considérable dans l'étude et l'avancée de la discipline.
C'est dans le même temps que l'Abbé FERIA a théorisé l'hypnose telle qu'on la connait dans les dimensions spectaculaires : droit dans les yeux, il prononce les mots "dormez je le veux". Cette forme d'hypnose est aujourd'hui pratiquée dans les spectacles ouverts au grand public et non pas dans les cabinets des psychiatres et des praticiens.
C'est seulement en 1843 que le terme "hypnose" a fait son entrée : cette année correspond où LE CHIRURGIEN James BRAID a commencé à entreprendre les bases scientifiques sur la compréhension de ce phénomène. Pour lui, le fluide magnétique animal n'existe pas et propose alors une version plus moderne. Pour ce faire, il qualifie l'hypnotisme en l'associant à des techniques observées à travers le magnétisme. Il va alors découvrir que l'hypnotisme est le résultat d'une concentration physique sur le patient. Il a alors mené des expérience qui mettaient en avant la fixation d'un point lumineux pour amener vers l'induction.
Ces travaux ont conduit à mieux comprendre l'hypnose et à la qualifié de savoir et non pas de pouvoir : il s'agit donc d'une discipline scientifique qui possède ses propres codes et son propre savoir faire. Le fil conducteur de cette pratique est la confiance établie entre le patient et le praticien pour l'amener progressivement à l'état hypnotique.
En ce qui concerne la France, l'hypnose reviendra dans les pratiques de la médecine autour de 1880 grâce à deux professeurs universitaires : le Docteur Jean-Martin CHARCOT et le Docteur Hippolyte BERNHEIM. Ces deux médecins sont connus pour s'être opposés sur deux positions radicalement différentes sur la question de l'hypnose, ce qui provoquera deux écoles dans le monde médical.
Cette théorie réduit l'hypnose à la notion de suggestibilité et s'inscrit ainsi dans l'idéo dynamisme (c'est à dire que l'idée suggérée devient alors un mouvement, une émotion, une sensation ou même un acte biologique). Il avance alors l'idée que l'hypnose peut amener à annuler une douleur ou une sensation perceptible par le patient. Elle peut également provoquer une émotion agréable et canaliser des émotions négatives comme les angoisses, la colère, la déprime et la colère. Cette méthode a permis la naissance de la psychothérapie en 1981 et a permis aux médecins du monde entier de pratiquer l'hypnose de manière officielle sur leurs patients.
L'école de Charcot est complètement opposée à celle de Bernheim puisqu'elle tend à démontrer que l'état d'hypnose est en fait un état purement hystérique. L'hypnose est donc perçue comme un état physiopathologique et ce courant contribuera à donner une mauvaise réputation à la discipline. Les patient hystériques sont perçus comme les meilleurs sujets à l'hypnose alors qu'en fait, ils sont les plus résistants et les moins prédisposés à être soignés par cette discipline. Plus tard, ces idées ont été rejetées par le corps médical et les travaux des autres acteurs de l'histoire de l'hypnose ont pu s'orienter vers une notion plus positive de la discipline.
A l'âge de 29 ans, Sigmund Freud a accompagné le docteur Charcot dans ses travaux et c'est à ce moment là qu'il a découvert l'hypnose et ses pratiques. Il a ensuite orienté ses recherches vers cette spécialisation dans les neuf années qui ont suivi. Il a alors apporté la notion d'inconscient et a permis de comprendre ses vertus thérapeutiques de la catharsis (le contenu inconscient refoulé par le conscient). Grâce à lui, le progrès et les techniques de l'hypnose ont fait de véritables progrès et sont toujours étudiées dans les universités de médecine et dans les modules de psychiatrie.
En consultant les archives de ses patients, on peut lire des écritures enfantines grâce aux techniques qui permettent de plonger dans les souvenirs et l'inconscient propre à chacun. Il s'est d'ailleurs appuyé sur ces mécanismes d'expression, et notamment l'écriture automatique, pour soigner ses patients.
Le psychiatre américain Mitlon H. ERICKSON comprend très vite qu'une grande partie de la population n'est pas hypnotisable et pour lui, ceci est due à une restriction des techniques des communication qui sont utilisées lors des séances. Elles sont selon lui, trop autoritaires et trop directifs : une relation de confiance n'est donc pas établie, ce qui est plus difficile d'amener le patient dans un état hypnotique.
En modifiant ces pratiques, il va alors prouver que plus de personnes sont hypnotisables : il faut parler au patient de manière saine et confiante en abandonnant toute notion d'autorité. Il faut privilégier les suggestions indirectes et la permissivité du langage.
Il va alors développer des techniques de communication qui sont propres à chaque patient et fait de l'hypnose un art subtil en utilisant des métaphores et des suggestions indirectes.
Grâce aux travaux d'ERICKSON, les codes et les pratiques de l'hypnose vont être alors changés à jamais dans la médecine. On ne pense plus à l'hypnose telle que FREUD la concevait : ce n'est plus cette discipline angoissante assimilée aux pulsions sexuelles primitives ou morbides, à des contenus traumatiques, à des souffrances et à des frustrations qui remontent à la petite enfance.
ERICKSON perçoit l'inconscient comme une ressource dont le patient dispose et qui vont l'amener petit à petit vers la guérison : il suffit de l'amener à les maitriser et à les utiliser pour qu'il puisse lever ses blocages et ses troubles.
Pour prouver les bienfaits de ses pratiques, ERICKSON publie une série d'articles qui traitent de plus de 300 thérapies réussies. Ces travaux vont être repris par la célèbre école de Palo Alto (Californie, Etats Unis) et l'hypnose tendra alors vers une thérapie visant à solutionner les troubles plutôt qu'à l'assimiler à un inconscient fait de données négatives.
ERICKSON utilise les métaphores thérapeutiques pour soigner ses patients : c'est un excellent orateur et conteur qui suscite la confiance de ses patients souffrant de divers troubles (psychosomatiques, physiatriques et même des problèmes médicaux).
Les résultats qu'il obtient sont très encourageants tant ils sont positifs : il démontre ainsi qu'une hypnothérapie est efficace sur les courtes comme sur les plus grandes thérapies.
On peut donc parler d'ERICKSON comme un clinicien et un expérimentateur qui a longuement étudié ses patients pour mieux comprendre les mécanismes hypnotiques. Ses travaux ont été étudiés à travers le monde entier et ont suscité l'unanimité quand à leur légitimité.
Grace à cette étude qui aura duré pendant de très nombreuses années, les patients ont accès à des soins efficaces dans le traitement de leurs maux.
Le docteur ERICKSON a été suivi par de nombreux médecins qui perpétuent au fil des années son travail. On compte parmi eux le docteur Daniel ARAOZ ou encore le docteur Michael YAPKO qui sont tous deux américains. Ils sont intégré les techniques propres à l'hypnose ericksonnienne et ont amené à l'idée de l'hypnose telle qu'on la connait actuellement : celle d'une hypnose qui conforte le patient à aller puiser dans son inconscient plutôt que de chercher à le manipuler.
Aujourd'hui, ces pratiques sont utilisées pour guérir le patient, l'amener à un état de bien être et de sérénité avec lui même. Beaucoup de personnes savent quel est leur problème ou la cause qui provoque des traumatismes mais peinent pourtant à retrouver une vie sereine. Avec l'approche ericksonnienne, le patient se voit alors proposer une relation de confiance et va pouvoir puiser en lui même (et donc dans son inconscient) les solutions qui se trouvent déjà en lui sans le savoir.
L'histoire de l'hypnose suit son court et est devenue une activité très prisée par des milliers de patients à travers le monde entier. Elle a été lavée d'une image négative avec des travaux de Sigmund Freud et jouit aujourd'hui d'une connotation positive et thérapeutique qui tend à guérir par des techniques qui tendent à établir une relation de confiance.